mercredi, février 11, 2009

Journalisme et chasse à la baleine - 3

En avril et mai 2007, j'écrivais respectivement au sujet d'un reportage de Reuters signé Olivier Fabre et de deux articles de Libération signés de Michel Temman. Je soulignais à quel point certains journalistes pouvaient faire preuve de manque de professionnalisme lorsqu'il s'agit de la chasse à la baleine. Hé bien, jamais deux sans trois, comme on dit ! Cette fois-ci, c'est au tour de leur confrère Olivier Michel du Figaro magazine.

Le titre de l'article de M. Michel donne tout de suite la couleur : "Baleines : pendant le massacre, la dégustation continue". Le mot massacre laisse déjà comprendre que le journaliste a plutôt un à priori négatif sur la chasse à la baleine. D'ailleurs, il n'y a aucun doute sur la qualité des programmes de recherche nippons, puisque "c'est en réalité la gastronomie et le commerce qui motivent la poursuite de campagnes massives et sanglantes." Donc l'auteur de l'article ne semble pas s'être donné la peine de se renseigner sur les résultats des recherches sur les cétacés que le Japon conduit depuis plus de 20 ans maintenant, mais il s'en donne à cœur-joie avec des mots comme "sanglant".

Pour illustrer ses dires, M. Michel a probablement dû se rendre au restaurant-magasin Yûshin dans le quartier d'Asakusa où, nous explique-t'il, on "propose de façon parfaitement explicite des centaines de conserves ou emballages sous vide contenant les meilleurs morceaux de baleine, crus ou séchés." Un peu plus loin, on apprends que "les acheteurs se pressent devant les réfrigérateurs, les vendeuses proposent aux plus fortunés le bacon, meilleure partie du mammifère, au prix de 2 500 euros le kilo." Étant un habitué du Yûshin, je dois vous avouer que le chiffre de 2500 euros m'a d'autant plus laissé perplexe que j'ai déjà acheté du bacon de baleine là-bas. Si vous jetez un coup d'œil à la photo ci-dessus, vous constaterez que les 200 grammes de bacon sont vendus 5.500 yen. Un rapide calcul (5.500 x 5 / 117) me donne le kilo à environ 235 euros, soit environ dix fois moins que ce que Olivier Michel nous annonce. Sagit-il là une simple erreur de sa part, ou y a-t'il une volonté de donner une fausse image de la valeur de la viande baleine au Japon ?

Le journaliste nous raconte ensuite que "dans les restaurants chics de l'archipel, les morceaux de choix multiplient souvent les additions par dix et sont à l'origine d'un trafic dénoncé par deux membres japonais de Greenpeace qui font la une des quotidiens." Bon, on sait déjà qui multiplie les prix par dix... c'est lui ! Quant au trafic dénoncé par Greenpeace, il reste à prouver puisque l'enquête conduite par le procureur de Tokyo n'a rien trouvé pour confirmer les accusations de l'ONG à l'encontre de 12 membres d'équipage du Nisshinmaru.

Le paragraphe suivant est toutefois celui que je préfère dans son article :

"Les autorités japonaises font, aux dires des spécialistes, un très mauvais calcul. Tout d'abord, parce que la chasse à la baleine n'est plus ce qu'elle était. En pleine crise économique, les longues campagnes coûtent beaucoup d'argent et n'en rapportent pas assez (les consommateurs ont d'autres priorités)."

Ça démontre à quel point le journaliste n'a aucune connaissance du sujet qu'il traite. Tout d'abord, les programmes de recherche japonais sur les cétacés ne sont pas des campagnes commerciales et les fonds issus de la vente de la viande de baleine ne servent qu'à couvrir les frais occasionnés par la recherche, pas à faire des profits. Quant à la question de savoir quelle est la priorité des consommateurs nippons, je me demande ce qu'il en sait.

Olivier Michel revient rapidement sur le bien fondé de la recherche japonaise en citant une source inconnue : "Tous les scientifiques du monde publient une abondante littérature sur l'objet de leurs travaux, expliquent les opposants. Or les Japonais ne publient rien." Tiens, c'est bizarre. L'année dernière, il y a eu tout un tintamarre en septembre 2008 au sujet d'un article publié dans le numéro de juillet de la revue Polar Biology. Les Japonais ne publieraient donc pas rien !? Il n'était pas difficile de se renseigner pourtant.

L'auteur de l'article conclut sur une note positive. On nous apprends que le fabricant d'appareils photo japonais Canon se serait "positionnée clairement contre la chasse avec le slogan « On ne doit shooter les baleines qu'avec un appareil photographique »." Ben oui, mais non... Ça, c'est la campagne de Greenpeace qui cherche à forcer Canon à prendre position contre la chasse baleinière, mais jusqu'à preuve du contraire, elle n'a toujours pas réussi.

Donc, M. Michel est lui aussi recalé pour ce qui est des compétences nécessaires au journalisme : impartialité, travail de recherche, etc.

PS :
Il y a également eu un article de Michel Temman sur les deux activistes de Greenpeace accusés de vol, mais ça ressemble tellement à une vulgaire repompe de la propagande de l'ONG que je ne me donnerai même pas la peine de le commenter.
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vendredi, février 06, 2009

[MàJ-11 février 09] Sea Shepherd multiplie les attaques dangereuses contre les navires de recherche japonais

Depuis le début de cette semaine, les actions de l'ONG anti-baleinière Sea Shepherd contre les navires de la flotte japonaise de recherche sur les cétacés ont redoublé de violence.

Après un retour dans le port australien de Hobart (Tasmanie) pour ravitailler, le bateau de l'ONG avait réussit à relocaliser les navires japonais dans la mer de Ross, au large du continent antarctique, le 1er février dernier. Les activistes de Sea Shepherd ont alors recommencé à harceler les bateaux nippons en lançant des bouteilles de verre contenant de l'acide butyrique depuis des zodiacs. Ces attaques sont systématiquement filmées par une équipe de télévision en prévision de la seconde série de "Whale Wars" sur la chaîne de câble américaine Animal Planet (groupe Discovery Channel).

Malgré les interférences causées par ces actes de vandalisme, les équipages de la flotte japonaise a repris ses activités aujourd'hui (vendredi 6 février) en capturant des rorquals de Minke antarctiques (balaenoptera acutorostrata). Cette décision vient contredire les déclarations du président de Sea Shepherd Paul Watson qui avait clamé haut et fort que les baleiniers nippons serait incapables de chasser des cétacés tant que son navire serait dans leur sillage.

Face à la volonté des marins japonais de ne pas flêchir face aux actes terroristes de Sea Shepherd, Paul Watson semble avoir perdu toute raison et a commencé à employer des tactiques extrêmement dangereuses qui ont occasionné deux collisions entre son navire, le Steve Irwin et deux navires nippons, le Yûshinmaru No.2 et le Yûshinmaru No.3. Les vidéos rendues publiques par l'Institut japonais de recherche sur les cétacés (ICR) montrent que ces collisions ont été délibérément provoquées par le navire de Sea Shepherd (voir ci-dessous) et en complète violation des règles de navigations internationales.

Vidéo 1 : Le Steve Irwin percute dangereusement le navire de recherche Yûshinmaru No.3 (vu depuis le Nisshinmaru)


Eu égard au risque croissant que les actions terroristes de Sea Shepherd puissent entraîner un accident mortel dans cette zone reculée du monde, le directeur de l'ICR Minoru Morimoto a appelé les gouvernements des Pays-Bas (sous le pavillon duquel le Steve Irwin navigue), de l'Australie (où se trouve le port d'attache du navire de Sea Shepherd) et de la Nouvelle Zélande (qui est responsable de la sécurité maritimes dans les eaux où se déroulent les incidents) à prendre leurs responsabilités pour que les actions terroristes et illégales de l'ONG cessent.

Rappelons que Sea Shepherd s'est vue retirer son statut d'observateur auprès de le Commission baleinière internationale (CBI) en 1986 du fait de ses méthodes violentes. De même, les pays membres de la CBI (dont font partie les trois pays cités ci-dessus) ont appelé l'ONG de Paul Watson à stopper ses actions dangereuses à l'encontre des navires japonais dans l'Océan austral lors d'une réunion intermédiaire en mars 2008.

Mise à jour (11 février 2008) :
L'Institut japonais de recherche sur les cétacés a rendu publique une nouvelle vidéo de l'une des collisions provoquées par le Steve Irwin tournée depuis la vigie en haut du mat du Yûshinmaru No.3. La voici :

Vidéo : Le Steve Irwin percute dangereusement le navire de recherche Yûshinmaru No.3 (vu depuis le mat du Yûshinmaru No.3)


Sea Shepherd a annoncé le 10 février que le Steve Irwin abandonnait sa poursuite de la flotte de recherche japonaise et rentrait vers le port de Hobart (Australie). Paul Watson invoque la crainte de voir son navire abordé par un bateau japonais qui aurait quitté Fiji au début du mois, mais il plus probable que la décision soit liée à la demande officielle faite par le Japon aux Pays-Bas de prendre des mesures pour prévenir davantage d'actions dangereuses à l'égard des navires japonais de la part des activistes de l'ONG anti-baleinière. Il est également probable que Sea Shepherd et Animal Planet aient considéré avoir suffisamment d'images pour la 2ème saison de "Whale Wars".

Crédits vidéo et photos : ICR.
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